Bonne nouvelle ?


Partager
Bonne nouvelle ?
Par Didier Croonenberghs
Publié le - Modifié le
2 min

Pas de nouvelle, bonne nouvelle!" Voilà un dicton qui semble appartenir au passé. L’invasion numérique est en effet passée par là. Aujourd’hui, l’absence de nouvelle et le silence prolongé sont vécus plutôt négativement. L’immédiateté remplace de manière insidieuse le vrai dialogue par la communication. Ne pas recevoir de nouvelle d’un proche nous fait parfois pressentir une mauvaise annonce. Il n’est pas innocent qu’aux quatre coins du monde, des cures de désintoxication aux médias — les digital detox — sont de plus en plus fréquentes, afin de questionner l’addiction aux réseaux sociaux. Le ministre de l’intérieur a dû faire dimanche dernier un démenti suite à des rumeurs sur ces réseaux au sujet des manifestations de Bruxelles… S’il y a lieu de prendre une saine distance face à la surcharge informationnelle, se couper temporairement des médias ne peut se faire que de manière volontaire. Sous d’autres latitudes, le rapport aux médias est tout autre! Lundi dernier, des militaires ont pris le contrôle de la radio d’état au Gabon. Et suite au scrutin en RDC, les communications via internet ont été bloquées dans la majeure partie du territoire. Les territoires numériques sont ainsi encerclés pour éviter tout débordement de fausses nouvelles... Tel est l’argument donné par les conseillers de Joseph Kabila: réduire la folle machine à rumeurs et déminer les invitations à l’insurrection sur les réseaux sociaux. Yves Citton, dans son décapant Médiarchie, développe l’idée que ce ne sont plus les peuples qui sont les substrats de nos démocraties à l’heure des réseaux sociaux. La vérité émane désormais des ‘publics’, et les réseaux sont les premiers à les former! Les gilets jaunes sont un symptôme de ce glissement. Voilà pourquoi la vérité de notre monde est plus subtile qu’un jeu de communication et d’images. Elle est un dévoilement patient. La vérité se manifeste grâce à notre capacité à penser intelligemment les tensions, à réfléchir aux rapports de forces non de manière binaire, mais en y mettant de la fécondité. Le temps de Noël se termine et voici que l’évangile nous présente à nouveau la figure de Jean Baptiste. "Il vient, celui qui est plus fort que moi." crie-t-il. Lorsqu’on accepte sa propre vulnérabilité et donc la force d’un autre, alors, il y a manifestation... d’une bonne nouvelle ! Et la communication devient dialogue.

Didier Croonenberghs
Vos réactions sur edito@wp-dev-cathobel.elipsys.be

Catégorie : En dialogue

Dans la même catégorie