16 juillet: fête du Carmel, l’ordre de la Vierge Marie


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16 juillet: fête du Carmel, l’ordre de la Vierge Marie
Notre-Dame du Mont-Carmel et l'Enfant Jésus le scapulaire à la main
Par Christophe Herinckx
Publié le - Modifié le
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Notre-Dame du Mont-Carmel et l'Enfant Jésus le scapulaire à la main

Ce lundi 16 juillet, les Carmes et Carmélites du monde entier célèbrent leur fête patronale. L'origine de la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel est intimement liée à l'histoire et à la spiritualité de cet ordre contemplatif.

Au XIIè siècle, des ermites se sont établis sur le Mont-Carmel, dans des grottes, en Terre sainte, là où les prophètes Elie et Elysée, selon une tradition très ancienne, se seraient retirés longuement pour contempler la présence de Dieu. Très vite, une chapelle y fut construite par les ermites, dédiée à la Vierge Marie, qui devint par la suite la sainte Patronne de ce qui deviendra l'Ordre du Carmel.

Avant d'en arriver là, l'Ordre connut une histoire agitée. Au XIIIe siècle, la prise de la Terre sainte par les musulmans obligea les ermites à se disséminer partout en Europe, ce qui permet cependant à l'esprit du Carmel de se répandre partout en Occident. En 1215, le quatrième Concile du Latran menaça de supprimer l'Ordre du Carmel, en voulant réorganiser et "rationaliser" les Ordres mendiants. Le Carmel échappa néanmoins à la disparition, pour finalement être confirmé dans son existence et sa mission par le pape Urbain VI, en 1379. Le Carmel pris alors le nom officiel d'"Ordre de la Bienheureuse Marie, Mère de Dieu, Notre-Dame du Mont Carmel".

Vers la fin du XIVe siècle, Notre-Dame du Mont-Carmel fut fêtée en Angleterre, le 16 juillet, avant de se répandre partout en Europe grâce à la dévotion liée au scapulaire.

La tradition du scapulaire

En 1245, saint Simon Stock, supérieur général des Carmes, très inquiet pour la survie de l'ordre, demanda à Marie de prendre son ordre sous sa protection. À l'aurore, celle-ci lui serait apparue entourée d'anges et cerclée de lumière, vêtue de l'habit de l'Ordre, et tenant dans sa main une étoffe marron : le scapulaire. Elle le donne à Simon Stock en prononçant ces paroles: "Ceci est un privilège pour toi et pour tous les Carmes. Quiconque mourra en portant cet habit ne souffrira pas le feu éternel".

L'authenticité de cette vision et de ce message fut mis en doute par la suite, mais cela n'empêcha nullement la dévotion de se répandre: le scapulaire, se présentant sous la forme de deux morceaux de tissus reliés par deux cordons, ou sous la forme d'une médaille, se répandit en lien avec la fête du 16 juillet. Une cérémonie se développa, au cours de laquelle les croyants qui en font la demande revêtent le tissu. Elle signifie que l'on se revêt du manteau de Marie, c'est-à-dire que l'on s'en remet à sa protection.

Bien que réservé, au départ, aux Carmes et Carmélites, il devint possible pour d'autres religieux de revêtir le scapulaire, tels les Bénédictins, ou les Dominicains. Les "simples" laïcs de se consacrer à Marie obtinrent aussi la possibilité de porter le scapulaire, et d'intégrer l'Ordre du Carmel. Est né ainsi une sorte de "tiers-ordre" carmélitain, bien avant que cette notion soit reconnue officiellement dans l'Eglise catholique. Il s'agit, pour des fidèles laïcs, de pouvoir être associé à un ordre religieux, sans pour autant renoncer à vivre "dans le monde", mais en adoptant, dans sa vie "séculière", une certaine règle de vie et une spiritualité particulière.

En 1996, une déclaration doctrinale est approuvée en ce sens par la Congrégation romaine pour le Culte divin et la discipline des sacrements: "La dévotion à Notre-Dame du Mont Carmel est liée aux valeurs historiques et spirituelles de l'Ordre des Frères de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel et est exprimée à travers le scapulaire. Ainsi, celui qui reçoit le scapulaire devient un membre de l'ordre et il / elle s'engage à vivre selon sa spiritualité en conformité avec les caractéristiques de son état dans la vie".

La spiritualité du Carmel

Dès ses origines, le Carmel adopte $ la prière contemplative pour spécificité et mission. L'origine de cette forme de prière est rattachée au prophète Elie, qui reconnut la présence de Dieu non pas dans l'ouragan, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu, mais "dans le murmure d'une brise légère" (1 Rois 19, 12). Au cours de son Histoire, la Vierge Marie devint le modèle des ermites carmes, de par son attitude consistant à accueillir Dieu en soi,et à se laisser transformer par Lui.

Cette spiritualité n'acquit toutefois sa pleine stature qu'avec les réformateurs du Carmel: sainte Thérèse d'Avila (1515-1582) et saint Jean de la Croix (1542-1591). L'une et l'autre sont "docteurs de l'Eglise", une courte "liste" de 36 saints, dont l'enseignement fut reconnus valable pour toute l'Eglise, "en tout temps et en tout lieu". Jean de la croix est appelé le "docteur mystique", et Thérèse d'Avila fut la première femme a acquérir le titre de docteur en 1970, en même temps que Catherine de Sienne, en raison de son enseignement spirituel.

La spiritualité de ces deux saints est celle de l'oraison, dont la pratique consiste à accueillir la présence de Dieu qui est en soi, et à se laisser transformer par elle jusqu'à l'union - aussi appelé mariage spirituel - avec Dieu. Cette forme de prière, qui représente le sommet de la mystique chrétienne, peut être considérée comme la "version chrétienne" de la méditation, aujourd'hui pratiquée par de nombreuses personnes, sous des formes très variées.

Une troisième figure importante du Carmel a été proclamée docteur de l'Eglise, par le pape saint Jean-Paul II en 1997: sainte Thérèse de Lisieux, dont la "petite voie" pour entrer en communion avec Dieu, par la confiance et l'amour, a ainsi été reconnue comme "patrimoine spirituel" de l'humanité par l'Eglise catholique.

 

Christophe Herinckx

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