Le gouvernement investit dans la prévention du burn-out


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Le gouvernement investit dans la prévention du burn-out
Par Pierre Granier
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
4 min

La ministre de la Santé publique, Maggie De Block (Open Vld), a annoncé hier le financement d'un projet-pilote visant à lutter contre le burn-out dans les banques et les hôpitaux. Un millier de travailleurs pourraient en bénéficier.

Le burn-out, le mal du siècle ? Il est en tout cas de plus en plus diagnostiqué : 28.000 cas ont été enregistrés l'an passé, causant tout autant de longs arrêts de travail qui représentent au total un tiers des jours d'absence… Or, en matière des stress, l'adage "mieux vaut prévenir que guérir" prend vraiment tout son sens. C'est pourquoi le gouvernement a prévu de débloquer 2,5 millions d'euros pour mettre en place un projet-pilote d'accompagnement contre le burn-out. Il sera testé à partir de novembre 2018 auprès de travailleurs en souffrance (qui ont multiplié de courts arrêts de travail ou sont en arrêt de travail depuis moins de deux mois) des secteurs hospitalier et bancaire. Ces derniers sont en effet "soumis à une charge mentale et psychosociale forte", a justifié le ministère de la Santé.
Jusqu'à mille salariés pourront bénéficier de cet accompagnement "sur-mesure" développé par l'Agence fédérale des risques professionnels (Fedris). Les professionnels des soins mandatés par cette agence mèneront une double approche: un suivi individuel des travailleurs à risque d'une part, et une adaptation du travail et de son environnement d'autre part.
Le trajet d'accompagnement s'étalera sur une période maximale de 9 mois. Il ne pourra dépasser les 17 séances. "Les deux à quatre premières séances de consultation doivent aider l'employé à s'exprimer sur son travail, ses émotions et à faire un bilan", explique Ingrid le Roux dans le journal Le Soir. "En parallèle, trois séances sont recommandées sur la gestion du stress, l’hygiène de vie et comment récupérer son énergie". Si nécessaire, le travailleur pourra avoir recours à des approches psychocorporelles ou cognitivo-émotionnelle, comme la kinésithérapie et la relaxation, pour sa guérison. Toutes ces séances seront bien sûr remboursées.

Les syndicats saluent le projet

La CSC et la FGTB ont plutôt fait un bon accueil à cette initiative, même s'ils réclament une politique plus globale. "Le projet de Mme De Block est intéressant car c'est une forme de reconnaissance du burn-out, mais on doit aller plus loin", estime Marie-Hélène Ska, secrétaire générale du syndicat chrétien. "Il nous semble que si nous faisons face à une multiplication des cas, c'est à cause de la complexification, de la flexibilisation et de la pression mise sur le travail", qui empêche de le combiner avec sa vie privée", insiste Marie-Hélène Ska qui ajoute donc qu'il faut aussi "revenir sur les cadences infernales et les rythmes en décalage avec la vie privée."
Même son de cloche du côté de la FGTB, qui se réjouit, certes, de cet accompagnement sur mesure, mais assène que le projet ne règlera pas tout. "80% des travailleurs estiment que le travail ou en tout cas son organisation a un impact négatif sur leur santé physique ou psychologique", affirme la FGTB.
Par ailleurs, la CSC s'interroge sur la coordination de cette initiative avec les projets-pilotes menés ensemble sur le même sujet par le patronat et les syndicats au sein du Conseil national du travail. Pour Mme Ska, les initiatives de la ministre de la Santé devraient mieux se coordonner avec celles du monde du travail. "L'argent se fait rare et il est un peu ridicule d'en libérer via la Sécurité sociale et via le CNT."

Evaluation après deux ans

Ce projet pilote ne revient en tout cas pas à dire que le burn-out doit être considéré comme une maladie professionnelle. Le travail est seulement un facteur parmi d’autres qui peut conduire à l’apparition de la maladie. "Il est donc nécessaire d’accompagner le travailleur tout en agissant sur l’organisation où il travaille. Ce trajet ne vise donc pas une indemnisation complémentaire à l’indemnité classique d’incapacité de travail mais un accompagnement ciblé et personnalisé", insiste-t-on au ministère de la Santé publique.
Au bout de deux ans, Fedris fera une évaluation sur ce projet pilote. C'est sur cette base que le gouvernement pourrait décider alors d'un programme burn out permanent, à l'instar ce qui sera mis en place prochainement pour les maux de dos.

P.G. (d'après La Libre et Le Soir)

image: Fotolia

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