Avoir le courage du “parler vrai”


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Avoir le courage du “parler vrai”
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
2 min

Il y a des moments où j’ai le désagréable sentiment que l’on nous "mène en bateau", si vous me permettez cette expression. Nos dirigeants ont trop tendance à masquer certains manquements ou dérives, derrière des nouvelles plutôt secondaires à mes yeux. Ainsi, les ministres de l’Intérieur et de la Santé ont annoncé conjointement la semaine dernière que des pastilles d’iode sont disponibles gratuitement en pharmacie pour tous les Belges et non plus uniquement pour ceux qui habitent dans un rayon de vingt kilomètres autour d’un site nucléaire. Voilà qui est rassurant, sauf que… Il n’a nullement été fait mention que selon les spécialistes, ces pastilles sont inutiles si vous habitez près d’une centrale lorsqu’un incident grave se produit, comme à Tchernobyl et Fukushima, parce que tout sera dévasté au-delà de la zone des vingt kilomètres. Pire, ces pastilles d’iode sont aussi inefficaces pour l’ensemble du pays: pour qu’elles agissent, il faut les avaler… deux heures avant l’incident!
A moins d’être extralucide, je ne vois pas comment faire!

De même, le gouvernement affirme que la création d’emplois est le fruit de sa politique. Tous les économistes disent qu’il faut au moins une législature pour voir les premiers effets d’une politique de l’emploi. Cette pratique de l’écran de fumée s’applique aussi à propos des migrants. On nous parle d’expulsions, d’arrestations, de visites domiciliaires, mais a-t-on entendu une communication sur l’adoption d’une politique migratoire réfléchie, qui soit équitable, humaine et réaliste? Quelles mesures radicales prend-on pour pallier les scandales politico-financiers que notre pays a connus depuis plusieurs mois? Il faut qu’une affaire éclate pour que l’on prenne conscience qu’il est temps d’agir. Ce n’est pas neuf: rappelons-nous la marche blanche de 1996 dans les rues de Bruxelles qui a conduit les autorités de l’époque à réformer – hélas dans la précipitation – la police et la gendarmerie. Il ne s’agit pas de stigmatiser l’un ou l’autre responsable, mais d’encourager une autre manière de faire de la politique, avec des vues et des plans à long terme et non pas celui d’une législature. Il faut avoir le courage du "parler vrai".

Si nous voulons éviter que la crise de société actuelle s’amplifie, nous ne pouvons pas rester au balcon.

Jean-Jacques DURRÉ
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