Recep Tayyip Erdogan reçu au Vatican


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Recep Tayyip Erdogan reçu au Vatican
Par Vatican News
Publié le - Modifié le
4 min

Pour la première fois depuis 59 ans, le Vatican a accueilli un chef d'Etat turc. Le 5 février, le pape François a reçu en audience le président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, dans la bibliothèque du Palais apostolique. Ils ont notamment évoqué la question de Jérusalem, ainsi que la situation des réfugiés et des communautés catholiques en Turquie.

Au cours de ces entretiens cordiaux, avec le pape puis le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État, accompagné par Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les Rapports avec les États, ont été évoquées les relations bilatérales entre le Saint-Siège et la Turquie, la situation du pays, la condition de la communauté catholique, l'engagement d'accueil de nombreux réfugiés et les défis qui y sont reliés. Les discussions ont aussi porté sur la situation au Moyen-Orient, avec une référence particulière au statut de Jérusalem, en mettant en évidence la nécessité de promouvoir la paix et la stabilité dans la région, à travers le dialogue et la négociation, dans le respect des droits humains et de la légalité internationale.

Préserver le statu quo

Le président Erdogan et le pape François, qui s'étaient rencontrés à Ankara en novembre 2014, avaient eu une conversation téléphonique, à l’initiative du président turc, le 29 décembre 2017. Les deux hommes auraient alors échangé sur "l’importance de préserver le statut de Jérusalem". Ils auraient également évoqué l’adoption le 21 décembre dernier à l’Assemblée générale des Nations Unies d’une résolution considérant comme "nulle et non avenue" toute décision ou action susceptible de "modifier le caractère, le statut ou la composition démographique" de Jérusalem. Un vote qu’avait salué le Saint-Siège. À plusieurs reprises déjà, le pape François a souligné l'importance de préserver le statu quo de la ville sainte. Pour le Vatican, "toute revendication exclusive – qu’elle soit religieuse ou politique – est contraire à la logique véritable de l’identité de la Ville" (discours du cardinal Tauran le 26 octobre 1998 à Jérusalem). Le 10 décembre dernier, dans un communiqué, le Saint-Siège se disait "sensible" aux préoccupations de la Ligue Arabe et l’Organisation pour la Coopération islamique (OCI), qui inquiétées pour les perspectives de paix dans la région, étaient à l’initiative de diverses réunions d’urgence. Ankara avait organisé celle de l’OCI sur son territoire. Le président turc est l'un des plus féroces détracteurs de Donald Trump et des États-Unis. Il se présente aussi comme un champion de la cause palestinienne.

Remerciements adressés au pape

Le Pape François et le président Recep Tayyip Erdogan se sont déjà rencontrés en personne lors de la visite du Pape argentin en Turquie, du 28 au 30 novembre 2014. Il avait été essentiellement question de la "grande responsabilité" d’Ankara pour mettre fin aux violences à ses frontières, qui entraînent un afflux de réfugiés, ainsi que de la nécessaire solidarité des croyants contre le fanatisme.

Dans un entretien diffusé ce dimanche 4 février 2018 sur le site Internet du quotidien Italien "La Stampa", le président turc a évoqué son échange téléphonique avec le pape François, qu’il remercie d’avoir "diffusé à tout le monde chrétien un message juste. Parce que Jérusalem n’est pas une question seulement pour les musulmans. Nous sommes ensemble pour la défense du statu quo et nous avons la volonté de le protéger. Aucune nation n’a le droit d’adopter des pas unilatéraux et d’ignorer la loi internationale sur une question qui concerne des milliards de personnes". Le président turc estime encore que "maintenir le statu quo, assurer les lieux saints des trois religions, et reconnaître les droits du peuple palestinien est d’une importance absolue. Il est fondamental que le pape, de même que les différentes communautés chrétiennes à Jérusalem, envoie des messages en ce sens."

Une contestation kurde

Un important dispositif de sécurité nécessitant la présence de quelque 3.500 agents de police avait été mis en place pour cette visite. Toute la zone du Vatican avait été sécurisée dès la veille. Pendant la rencontre, quelques dizaines de militants kurdes se sont rassemblés devant le château Saint-Ange pour manifester contre la présence du président turc, dont l'armée attaque depuis le 20 janvier dernier les milices kurdes syriennes dans la région d’Afrine, dans la province nord d’Alep. L'offensive militaire meurtrière, menée de concert avec des milices syriennes alliées qu'elle entraîne, a été baptisée "Rameau d’olivier".

Vatican news et Cath.ch

Catégorie : International

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