C’était une rencontre très attendue de ce voyage en Amazonie péruvienne. Au Colisée «Madre de Dios» de Puerto Maldonado, première étape de ce voyage apostolique au Pérou, le Saint-Père a rencontré des délégations de nombreux peuples indigènes venus parfois de très loin, du Brésil ou de la Bolivie.
Cette région du Pérou amazonien est une mosaïque d’ethnies, de petites peuplades, où cohabitent vingt-deux peuples indigènes. «J’ai beaucoup désiré cette rencontre», a confessé François, remerciant ses hôtes pour la richesse de leurs visages et de leurs traditions. Ils sont, a-t-il dit, le visage de cette terre, «un visage pluriel, d’une diversité infinie et d’une énorme richesse biologique, culturelle, spirituelle.»
Le pape a repris le cantique de Saint François d’Assise, «Loué sois-tu», titre de son encyclique sur la sauvegarde de la maison commune. « Loué sois-tu Seigneur pour cette œuvre merveilleuse de tes peuples amazoniens et pour toute la biodiversité que ces terres renferment. ». Mais une nouvelle fois François a déploré les nombreuses meurtrissures infligées à cette terre luxuriante: «les peuples autochtones amazoniens n’ont probablement jamais été aussi menacés sur leurs territoires qu’ils le sont présentement», s’est-il inquiété.
Deux fléaux majeurs
Le souverain pontife a ainsi dénoncé deux fléaux qui menacent cet écosystème unique: la forte pression des grands intérêts économiques qui convoitent les ressources naturelles, mais aussi «la perversion» de certaines politiques qui promeuvent la «conservation» de la nature sans tenir compte de l’être humain.
«Nous devons rompre avec le paradigme historique qui considère l’Amazonie comme une réserve inépuisable des Etats sans prendre en compte ses populations », a encore expliqué François, applaudi à de nombreuses reprises pendant son discours.
Dans l'après-midi, au cœur de ce poumon vert qu’est l’Amazonie, le pape François a martelé ce message: «La défense de la terre n’a d’autre finalité que la défense de la vie. » Au Pérou et dans l'Amazonie, cette atteinte à la vie est multiple: dans la pollution des sols et des rivières, mais aussi dans la main-d’œuvre esclave, l’abus sexuel, la dislocation de la famille.
Prémisses du Synode sur l'Amazonie
L’Eglise n’est pas étrangère à ces problématiques :« Pour nous, il est nécessaire que les peuples autochtones modèlent culturellement les Eglises locales amazoniennes » a enfin plaidé François. «C’est avec ses évêques et ses missionnaires que vous pourrez façonner une Eglise avec un visage amazonien et une Eglise avec un visage indigène» a-t-il rappelé: ce sera la feuille de route du prochain synode sur l’Amazonie, qui se tiendra au Vatican en octobre 2019.
A l’issue de la rencontre, le pape a arboré une couronne de plumes multicolores et un collier traditionnel, offert par les Indiens. Il leur a consigné son encyclique Laudato Si, traduite en plusieurs langues de ces peuples premiers.
Vatican News