Reporters sans Frontières dresse le bilan 2017


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Reporters sans Frontières dresse le bilan 2017
Par Sophie Delhalle
Publié le - Modifié le
4 min

Depuis 1995, Reporters sans frontières (RSF) établit son bilan annuel des exactions commises contre les journalistes. Depuis 15 ans, 1035 journalistes professionnels ont été tués. En 2017, 65 journalistes ont perdu la vie dont un tiers dans l'exercice de leurs fonctions.

Le décompte total du bilan 2017 établi par Reporters sans frontières se fonde sur des données précises et intègre à la fois les journalistes professionnels, les collaborateurs de médias et les journalistes-citoyens. Ces derniers jouent un rôle croissant dans la production de l’information, notamment sous des régimes répressifs ou dans des pays en guerre, où il est plus difficile pour des journalistes professionnels d’exercer leur métier. RSF fait la distinction, autant que possible, entre les journalistes ciblés délibérément ou ceux tués en reportage. Les cas sur lesquels l’organisation n’a pas encore pu réunir les éléments nécessaires pour statuer avec rigueur sur le lien entre l’activité journalistique et l’exaction n’apparaissent donc pas dans ce bilan.

Des chiffres en baisse mais...

En 2017, 65 journalistes ont été tués dans le monde. Vingt-six d’entre eux ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions, victimes collatérales d’un contexte meurtrier (bombardement, attentat…). Trente-neuf autres ont été assassinés, sciemment visés, au motif que leurs enquêtes dérangeaient les intérêts de telles ou telles autorités politiques, économiques ou groupes mafieux. Comme l’an dernier, la part des journalistes ciblés est la plus importante (60%).

Le bilan RSF de 2017 met néanmoins en avant une baisse relative, près de 20%, du nombre de journalistes tués par rapport à l’an dernier (79). Dans la catégorie journalistes professionnels (50 cette année), Reporters sans frontières observe que 2017 est l’année la moins meurtrière depuis 14 ans pour les journalistes professionnels.

Une sensibilisation accrue, un métier toujours menacé

Cette tendance à la baisse s'explique en partie par la prise de conscience croissante de la nécessité de mieux protéger les journalistes. Les campagnes de sensibilisation menées par des organisations internationales et les médias eux-même se sont multipliées. Les nombreuses formations à la sécurité physiquement également permis de mieux former les journalistes envoyés couvrir des conflits ou situations conflictuelles.

La tendance à la baisse s’explique aussi par le fait que des pays, devenus trop dangereux, se vident de leurs journalistes. C’est le cas de la Syrie, de l’Irak, du Yémen, de la Libye où l’on assiste à une hémorragie de la profession. Comme l’an dernier, le Mexique est le pays en paix le plus dangereux au monde pour les reporters.

Journalistes détenus

Au 1er décembre 2017, 326 journalistes sont maintenus en détention dans le monde pour avoir exercé leur mission d’information. En Russie, la pression s’intensifie contre les médias indépendants et les journalistes d’investigation qui enquêtent, à Moscou ou en région, sur des sujets tels que la corruption. Cinq journalistes et un blogueur sont actuellement derrière les barreaux. Plus de la moitié des journalistes détenus à travers le monde le sont dans cinq pays: la Chine, la Turquie, l'Iran, le Vietnam et la Syrie.

Journaliste otages

Répartition géographique des journalistes actuellement retenus en otage

54 journalistes sont retenus en otages principalement au Moyen Orient dans la zone de conflit ou sévit l'Etat islamique, principal preneur d'otages. RSF considère qu’un journaliste est otage à partir du moment où il se trouve entre les mains d’un acteur non étatique qui menace de le tuer, de le blesser ou de continuer de le détenir afin de faire pression sur une tierce partie (un Etat, une organisation ou un groupe de personnes) dans le but de la contraindre à accomplir un acte particulier. La prise d’otage peut avoir un mobile politique ou/et économique, lorsqu’elle implique le versement d’une rançon.

Journalistes disparus

Deux journalistes portés disparus au cours de l’année 2017 le sont encore à ce jour. Tous les deux sont originaires du continent asiatique. Seul un journaliste burundais, Jean Bigirimana, a disparu l’an dernier. Samar Abbas est porté disparu depuis le 7 janvier 2017 au Pakistan ; Utpal Das est porté disparu depuis le 10 octobre 2017 au Bangladesh.

En bilan 2017 en demi-teinte donc où les chiffres sont en diminution mais où la menace pèse encore de manière bien réelle et mortelle sur les journalistes exerçant en zone de conflit ou dans certains pays, hostiles au travail de nos confrères.

 

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Sophie Delhalle


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