Eric Barbier adapte au cinéma « La promesse de l’aube », le roman autobiographique de Romain Gary. Un film qui rend compte de l’étonnante relation de l’écrivain avec sa mère.
Romain Gary a vécu une vie extraordinaire. Qu’il s’agisse de son enfance difficile en Pologne en passant par son adolescence sous le soleil de Nice ou de ses exploits d’aviateur en Afrique pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est à Nina, sa mère, qu’il doit son acharnement à vivre mille vies et à devenir un grand homme et un écrivain célèbre. L’amour fou de cette mère attachante et excentrique fera de lui un des romanciers majeurs du XXe siècle. Mais cet amour maternel sans bornes sera aussi son fardeau pour la vie… une vie pleine de rebondissements, de passions et de mystères qu’Eric Barbier met en images.
Il s’agit de la deuxième adaptation pour le grand écran de cette remarquable autobiographie, après celle, quasiment introuvable, de Jules Dassin en 1970. Si le film de Barbier a quelques faiblesses par rapport à son prédécesseur, celles-ci sont largement compensées par le scénario et surtout l’interprétation! Le scénario, on le comprend aisément puisqu’il repose sur l’œuvre de Gary. Quant aux acteurs, qu’ils soient connus (comme Charlotte Gainsbourg dans le rôle de Nina), ou pas, ils sont entièrement au service de l’intrigue et de sa mise en scène. Ils arrivent à donner corps à cette histoire, à Romain Gary, à la relecture de sa vie.
Relire sa vie?
S’agit-il de sa vie d’ailleurs? C’est que de nombreux événements paraissent tout bonnement incroyables. On pourrait se dire que c’est « too much! » Pourtant, le film est conforme au livre et suit d’ailleurs sa structure. La voix off reprend textuellement des extraits du roman. L’un d’eux, placé au début du livre, a été reporté à la fin du film, à l’initiative de Pierre Niney, flamboyant dans les divers âges adultes de l’écrivain: « Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. »
Un texte auquel l’acteur donne sa voix, franche et littéraire à la fois, mais aussi sa force de jeu, celle de l’adulte encore jeune qui peut laisser s’exprimer une certaine fragilité! La narration se situe dans l’aujourd’hui d’un récit qui laisse le passé s’exprimer dans les flashbacks. C’est l’occasion de découvrir un formidable jeune acteur (premier rôle au cinéma de Pawel Puchalski qui s’avère impérial pour interpréter Romain enfant). Le relais sera pris par Nemo Schiffman pour donner corps à Romain adolescent, qui laisse deviner l’adulte – de 18 à 30 ans environ – interprété par Pierre Niney, décidément remarquable. Ce dernier joint la maturité à une certaine fragilité physique (apparente probablement), mais aussi la passion littéraire… pour interpréter un personnage romanesque. Un film qui donne une envie: celle de (re)lire le roman!
Charles DE CLERCQ – RCF
Photo: © Julien Panié
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