Taizé accueillant depuis deux ans des jeunes réfugiés du Soudan, le prieur de la communauté, frère Alois (photo), vient de passer une semaine à Juba et à Rumbek, au Soudan du Sud, suivie d’une semaine à Khartoum, capitale du Soudan.
Le Soudan du Sud est la conséquence des dissensions entre le nord du Soudan, à majorité musulmane, et le sud à majorité chrétienne et animiste.
Après un conflit sanglant, qui a duré 50 ans et fait plus de deux millions de morts et provoqué le déplacement de quatre millions de civils, un cessez-le-feu a été signé entre les protagonistes en 2002, consolidé trois ans plus tard par un accord de paix.
En janvier 2011, un référendum d’autodétermination est organisé, qui mène à l’indépendance de la partie sud du pays en 2011, sous le nom officiel de Soudan du Sud. On aura pu espérer que le pays connaîtrait un avenir serein, mais c’était sans compter l’avidité de certains dirigeants pour le pouvoir, dans un pays riche en ressources minières. La rivalité personnelle entre le président Salva Kiir et l’ancien vice-président Riek Machar, pourtant vieux compagnons d’armes pour réclamer l’indépendance, a tourné à la guerre civile, deux ans à peine après l’accession à l’indépendance. Le conflit a entraîné le déplacement de plus de 4 millions de personnes et la mort de 300.000 Sud-soudanais.
Mieux comprendre
C’est dans ce contexte que frère Aloïs, accompagné d’un autre frère de la communauté de Taizé, ont décidé de partir dans cette région du monde. Objectifs: mieux comprendre la situation de ces deux pays, rencontrer des acteurs de terrain et prier auprès de ceux qui sont parmi les plus éprouvés de notre époque.
Ils ont rendu visite aux diverses Eglises présentes, observé leur travail d’enseignement, de solidarité, de soins aux malades et aux exclus, et ils ont eu de nombreux contacts avec une population très démunie. Les deux membres de la Communauté de Taizé ont visité un camp de personnes déplacées sous la protection de l’ONU où se trouvent notamment de nombreux enfants que leurs parents ont perdus et jamais retrouvés lors des événements violents survenus dans le pays.
Par cette visite frère Alois souhaitait exprimer une reconnaissance à tant de personnes engagées sur place : humanitaires, personnels d’Eglise ou diplomates, au service des communautés locales et du développement dans l’éducation, l’agriculture, les infrastructures, les services, la promotion de la culture…
A son retour, frère Aloïs a déclaré avoir été » particulièrement impressionné par la situation des femmes et des enfants. Les mères, souvent très jeunes, portent une grande part des souffrances causées par les violences. Beaucoup ont fui dans l’urgence. Elles restent résolument au service de la vie. Les enfants très tôt doivent prendre une part importante des corvées quotidiennes mais ils aspirent à une scolarité. Le courage et l’espérance des mères et des enfants sont un témoignage exceptionnel ».
Le prieur de Taizé tirera de cette visite en Afrique quelques propositions concrètes qu’il publiera lors de la 40e rencontre européenne de jeunes animée par Taizé et qui se tiendra à Bâle du 28 décembre au 1er janvier prochains.
J.J.D.