Les oubliés de l’actualité


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Les oubliés de l’actualité
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
2 min

L’actualité est, par définition, mouvante. Ce qui confère à son traitement des aspects positifs mais aussi négatifs. Lorsqu’un sujet fait la "Une" des médias, sa durée de vie "sous les feux des projecteurs" est variable et proportionnée à l’ampleur du fait. Dans cette actualité animée et changeante, il arrive parfois hélas, que des sujets, au demeurant dramatiques, ne fassent plus la "Une" voire soient carrément relégués au second plan.

C’est le cas de la crise des migrants qui continuent d’affronter les dangers de la Méditerranée pour tenter de rejoindre l’Europe. Si en 2015 et 2016, cette tragédie a fait l’objet de nombreux articles et reportages que ce soit dans la presse écrite ou radio-télévisée, aujourd’hui elle ne fait plus la "Une". Pourtant, le drame se poursuit chaque jour.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes: entre janvier et fin avril, plus de 1.700 migrants ont perdu la vie dans les eaux de la Grande bleue, dont plusieurs dizaines la semaine dernière, tandis que quelque 10.000 personnes ont été secourues en mer entre la Libye et l’Italie. Rien que durant le week-end de Pâques, 73 opérations de sauvetage ont été nécessaires pour venir en aide à environ 8.500 personnes. Leur calvaire, hélas, ne s’arrête pas une fois arrivés en Europe: un long parcours d’errance les attend encore et le rêve se transforme en cauchemar, tout comme lorsqu’on les reconduit en Libye, où ils retombent dans les mains des trafiquants et autres profiteurs de cette misère humaine.

Il est donc plus que temps, après des mois si pas des années de tergiversations, que l’Europe prenne ses responsabilités. Il faut d’abord augmenter les budgets de l’aide au développement. C’est impératif lorsqu’on sait que ceux qui tentent l’aventure le font le plus souvent pour permettre à leur famille de survivre. Selon les ONG, un migrant fait vivre une trentaine de personnes dans son pays d’origine et la somme des transferts de ce type, dans le monde, s’élève à 451 milliards de dollars par an.

Plutôt que de consacrer des millions à se protéger en croyant naïvement que cela nous met à l’abri, il faut réallouer les budgets pour agir sur deux plans: lutter efficacement contre les trafiquants, en partenariat avec les pays concernés et aider au développement économique de ces pays. Nous contribuerons non seulement à un élan de solidarité humaine et nous empêcherons des milliers de personnes de mourir dans l’indifférence.

Jean-Jacques Durré
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