Alors que les communautés juive et musulmane refusent l'étourdissement des animaux avant l'abattage rituel, les chefs des cultes chrétiens reconnus par la Belgique ont tenu à faire part de leur position, dans un communiqué publié ce 12 mai 2017.
Depuis des mois, un débat se tient à propos de l'abattage rituel des bovins et ovins, à l'occasion des fêtes juive et musulmane. Les députés wallons ont adopté à l’unanimité une loi interdisant l’abattage sans étourdissement des animaux d’élevage, dès la fête musulmane du sacrifice de cette année. Au nord du pays, le décret flamand interdisant l'abattage sans étourdissement est prêt et devrait être débattu au parlement avant les vacances pour entrer en vigueur au 1er janvier 2019. Dès cette date, l'abattage sans étourdissement sera donc interdit en Belgique. Rappelons que les responsables religieux juifs et musulmans, soucieux de préserver l’abattage rituel, voient dans cette décision une atteinte à la liberté de culte.
Dans un communiqué commun, signé par le Cardinal Jozef De Kesel (pour l'Eglise catholique), le Pasteur Geert W. Lorein (pour les Eglises protestantes évangéliques), le Métropolite Athénagoras Peckstadt (Eglise orthodoxe), le Pasteur S. Fuite, Président de l’Eglise Protestante Unie de Belgique et le Canon Jack McDonald de l'Eglise anglicane, les chefs de culte précités indiquent en préambule: "En tant que représentants des cultes chrétiens reconnus (catholique, orthodoxe, protestant et anglican), nous prenons connaissance du débat politique et social sur l’abattage sans étourdissement qui a pris de l’ampleur ces dernières semaines, tant dans le sud que dans le nord du pays. Vu les valeurs importantes en jeu, les Eglises chrétiennes, bien que non soumises à ce type de règles alimentaires, ne pratiquant pas l’abattage rituel et donc pas directement impliquées, souhaitent faire entendre leur voix."
Respect des libertés religieuses
Ils précisent que la sensibilité croissante au bien-être animal, témoigne en soi d’un respect des êtres vivants et de la création. Mais les mots sont clairs: "Nous mettons néanmoins en garde de faire de la critique de l’abattage sans étourdissement, la couverture d’un discours de mépris à l’égard du mode de vie et des règles alimentaires de nos concitoyens juifs et musulmans. Nous rappelons que la liberté religieuse est une part essentielle du système démocratique. Le respect de cette liberté religieuse que nous réclamons pour les chrétiens et les autres religions à travers le monde, nous le défendons aussi avec force dans notre société européenne".
Les chefs des cultes chrétiens rappellent que d’une part, un nombre limité d’animaux est concerné par l’abattage et que l’on cherche toujours à limiter au maximum la douleur animale durant celui-ci. Ils ajoutent que, d'autre part, nombre d’autres points problématiques existent dans l’industrie alimentaire et lors de la transformation de la viande qui, vu leur échelle, sont tout autant prioritaires.
Et de conclure: "Nous demandons aux politiciens et aux décideurs de prendre au sérieux les aspirations des religions concernées, et d’élaborer des procédures qui réconcilient autant que possible hygiène, santé publique, bien-être animal avec le droit fondamental de la liberté religieuse."
J.J.D.