Les Sud-Coréens ont choisi Moon Jae-In, l'ancien avocat des droits de l'homme, pour présider le pays suite à la destitution le 12 mars dernier de la présidente Park Geun-hye. Avec 41,08% des voix, il a battu les candidats conservateur et centriste.
A la différence de ses challengers Hong Jun-pyo and Ahn Cheol-soo, le nouveau président s'est largement prononcé pour la reprise du dialogue avec la Corée du Nord. Dès l'annonce des résultats, Moon Jae-In a affirmé pouvoir reprendre les discussions avec Pyongyang "si les conditions sont réunies". Depuis plus d'un an, la Corée du Nord a entamé des essais nucléaires et d'autres tests de missiles, ce qui accroît la tension avec son voisin du Sud, d'une part, et avec les Etats-Unis d'autre part. L'élu issu du Parti démocratique de centre-gauche a déclaré qu'il oeuvrerait pour la paix, en se rendant à Pékin ou Tokyo si nécessaire. Le nouveau président sud-coréen a également évoqué les "négociations sérieuses" qu'il compte mener au sujet du bouclier antimissile Thaad que les Etats-Unis déploient dans la région.
Le contexte dans lequel cette campagne électorale s'est déroulée influence aussi les priorités de M. Moon. Les élections présidentielles ne devaient se dérouler qu'en décembre prochain, si la Cour constitutionnelle n'avait pas confirmé la destitution pour corruption de la présidente Park Geun-hye le 10 mars dernier. Moon Jae-In, candidat malheureux contre la présidente déchue Park Geun-hye lors de la précédente élection présidentielle en 2012, a évidemment fait campagne cette année sur le thème de la lutte contre la corruption. Les observateurs religieux du pays ont toutefois regretté que les débats électoraux portent davantage sur des batailles politiciennes que sur les enjeux sécuritaires de Corée du Sud.
Opinions éthiques
Juste après le lancement de la campagne présidentielle, selon l'agence de presse Eglises d'Asie, la Conférence des évêques catholiques de Corée (CBCK) a passé au crible les programmes des candidats en lice au regard des enseignements de l’Eglise catholique. Sans adopter de position partisane, les évêques s'expriment donc sur le terrain politique. La Commission ‘Justice et Paix’ de la CBCK et les Comités épiscopaux de bioéthique, au service de l’écologie et de l’environnement et en faveur de la réconciliation du peuple de Corée ont fait parvenir une liste de 31 questions aux différents candidats. Seuls Moon Jae-In, du Parti Minju (Parti démocratique, centre-gauche) et Mme Sim Sang-jung, du Parti de la justice se sont exprimés.
Les deux candidats catholiques se sont prononcés en faveur de l’abolition de la peine de mort et, d’une manière générale, leur programme correspond aux enseignements de l’Eglise catholique. La seule exception notable concerne l’avortement: Moon Jae-In ne s’exprime pas clairement, considérant que «ce sujet nécessite une large consultation de la société civile», tandis que Sim Sang-Un plaide pour un assouplissement de la législation relative à l’avortement.
A.-F. de Beaudrap (avec agences)