Familles nombreuses : un hymne à la vie


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Familles nombreuses : un hymne à la vie
Par Angélique Tasiaux
Publié le - Modifié le
5 min

Tous les futurs parents rêvent d’une famille idéale. Pour les uns, ce sera peu d’enfants, et l’inverse pour d’autres. Quelles pourraient être les motivations d’un couple qui se lance à la tête d’une famille nombreuse? Témoignages.

Quarantenaire et mère de quatre enfants, Christine décrypte le fonctionnement des tribus contemporaines: "La famille nombreuse est un apprentissage de la vie en société; on y apprend des valeurs telles que tolérance, partage, dépassement de soi, entraide, patience, sens de la famille, débrouillardise... Les plus grands sont des exemples pour les petits et ils apprennent à s’occuper d’eux. Les plus jeunes sont tirés vers le haut par les aînés. En tant que parents, nous devenons moins matérialistes car nous ne pouvons pas nous permettre d’excès et nous devons rester équitables envers chacun. Cela nous oblige également à être bien organisés. Une famille nombreuse est aussi synonyme d’animation, de cris, de rires, d’aventures, de joies et de bonheur partagés." Reconnaissons-le, le désir de parentalité est incompressible; il habite le cœur de certains individus, qui choisissent d’y réserver bonne suite. Une naissance en appelle souvent une autre. C’est le miracle de la vie, pour qui sait la goûter. L’émerveillement n’est jamais loin face à la confiance et l’abandon d’un nouveau-né ou d’un tout-petit aux pas balbutiants. Il n’y a pas de mode de vie idéal; chacun compose en fonction de son tempérament et des circonstances. L’espace et la gestion du temps sont ainsi aménagés différemment, avec des familles ultra-organisées, où l’agenda hebdomadaire se trouve accroché sur le frigo, et d’autres plus bohèmes, qui s’adaptent aux contretemps, quand elles ne les suscitent pas elles-mêmes en accueillant des têtes blondes imprévues. Là, la table est extensible, avec une place libre pour les invités d’un jour ou d’une nuit. A côté de la filiation classique, des couples choisissent d’ouvrir leur famille en accueillant un enfant en situation d’urgence ou périlleuse: placé par le juge ou un jeune handicapé, le temps d’un week-end mensuel par exemple. Les situations sont variées à l’infini…

D comme débrouille

A l’arrivée du premier enfant, le voilà placé entre ses parents. Lorsqu’ils deviennent deux, chacun des parents veille sur eux. Avec trois, le partage augmente et pour quatre, chaque main des parents est désormais occupée. Au-delà, c’est encore une autre répartition. Pour certains, avoir beaucoup d’enfants est l’accomplissement d’un rêve d’enfant, dans d’autres cas, c’est une (bonne) surprise. Des fratries sont ainsi passées de trois à six, en une grossesse. Moins spectaculaire, l’arrivée de jumeaux double quelquefois les effectifs! Dans un monde hyper connecté et rempli de moyens technologiques, il arrive que l’inattendu bouscule les certitudes… Les parents doivent adapter leurs horaires et il n’est pas rare que l’un des deux travaille à temps partiel ou y renonce pour se consacrer à l’éducation des siens. Car la gestion d’une famille nombreuse s’apparente à une solide gestion d’équipe! Les navettes se croisent en tous sens dès le plus jeune âge (et jusqu’au permis de conduire), entre les impératifs scolaires, les activités récréatives et sportives, les consultations médicales, les courses urgentes et les imprévus. Forcément, il y a toujours des imprévus. Plus nombreux sont les enfants et plus spectaculaires aussi les quantités de provisions, les piles de linge en attente et les paires de chaussettes à recomposer. Les familles nombreuses sont devenues les chantres de la récupération. Les caisses de vêtements passent d’un foyer à l’autre, dans une valse de déménagements intempestifs. En effet, il est inutile de s’embarrasser de vêtements neufs dispendieux, quand ceux du petit cousin ou voisin ont à peine servi. Côté cuisine, la taille des casseroles ou des plats à gratin a de quoi surprendre les célibataires! La plupart du temps, les confitures sont faites maison, tout comme les gâteaux d’anniversaire! Car les fêtes se déroulent sur place, sans courir dans des endroits onéreux. Tous au jardin ou au parc, pour des activités traditionnelles telles les rondes, les inévitables parties de foot ou de cache-cache. En privilégiant des choix qui se trouvent souvent à mille lieues des impératifs commerciaux, les familles s’inscrivent dans une forme de résistance aux modes évanescentes.

Le sens du partage

Quelquefois par la force des choses, les enfants apprennent très vite à partager l’attention dont ils sont l’objet. A table, les conversations fusent dans tous les sens. Lorsqu’un enfant est absent, un nouvel équilibre s’instaure entre la fratrie et un vide apparaît de manière tangible. Si une famille n’est pas un bloc monolithique où les rôles seraient définis une fois pour toutes, la place dans la fratrie conditionne les liens entre les enfants. L’acquisition de l’autonomie se trouve accrue lorsque les plus âgés veillent sur les plus jeunes ou, à l’inverse, quand les petits derniers sont incités à la débrouillardise par leurs aînés. Les parents doivent composer avec des attentes et des rythmes scolaires différents entre les exigences des études supérieures et le calendrier des primaires. Et pourtant, à côté de ces contraintes et de ces exigences, un élan de vie caractéristique anime les familles nombreuses. La dynamique multiple de ce microcosme participe aussi du mythe social. A plusieurs, les jeux sont davantage animés, les débats passionnés, les rêves colorés.

Angélique TASIAUX

© Photolia

> Lire la suite de cet article dans le journal Dimanche n°13 du 4 avril 2017 - S'abonner à Dimanche

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