L’Ecosse et l’Angleterre nous montrent actuellement un bras de fer entre deux dames: Theresa May et Nicola Sturgeon. Alors que la « prime minister » britannique a promis d’activer avant le 29 mars la procédure de l’article 50, son homologue écossaise a quant à elle, annoncé son souhait d’organiser un nouveau référendum sur l’indépendance de son pays. Près de trois ans après le premier référendum lancé par Alex Salmond, ce « vœu de Sturgeon » est risqué. Et même du côté des partisans de l’indépendance, ce pari est jugé dangereux. Pour que l’Ecosse puisse en effet poursuivre ce projet, il faudra l’assentiment du parlement britannique et du 10 Downing street… Au-delà de la complexité du dossier, reconnaissons que la situation est ambiguë: se servir du Brexit pour relancer un référendum d’indépendance revient à critiquer l’opportunité d’un choix pour en poser un de nature similaire. En effet, comment Londres pourrait-elle faire la leçon à Edimbourg sur les dangers d’une séparation, elle qui a pris justement le parti de se séparer « des brimades d’un pouvoir centralisateur »? Finalement, les pro-Brexit et les nationalistes écossais se rencontrent dans l’illogisme de leurs arguments.
« Tu es tout entier dans le péché et tu nous fais la leçon? » disent les pharisiens à l’aveugle-né, le considérant comme « présumé coupable ». S’il y a cécité, n’est-elle pas avant tout chez ceux qui font la leçon aux autres, sans voir leurs propres contradictions? Aveugles envers nous-mêmes, ne le sommes-nous pas tous? Accuser est toujours un moyen facile de ne pas se remettre en question et ce qui nous irrite chez les autres est précisément ce que nous n’arrivons pas à gérer nous-mêmes!
L’Union économique est faite de telles ambiguïtés et contradictions: forces centripètes et centrifuges se conjuguent et s’équilibrent. C’est là sa force, mais cela rend sa gestion davantage complexe. S’il nous faut davantage d’Europe, elle doit être politique et renforcer le sentiment de citoyenneté européenne, au-delà de nos diversités. Une Europe capable de se remettre en question afin de ne pas transformer la diversité en adversité, mais l’adversité en opportunité.
Didier CROONENBERGHS
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