Ce 7 mars, la cour de justice européenne (CEJ) a décidé de ne pas rendre obligatoire l'octroi de visa humanitaire aux personnes souhaitant se rendre sur un territoire pour demander l'asile. La satisfaction affichée par le secrétaire d’État à l'Asile et à la Migration Theo Francken suite à passe mal auprès des associations de défense des droits de l'homme.
Pour le secrétaire d’Etat à l'Asile et à la Migration Theo Francken (N-VA), cette discussion portait sur un point essentiel pour la politique d'asile européenne, à savoir le refus du recours au visa de court séjour pour accéder à l'Union. La Belgique avait le soutien de douze pays parmi lesquels l'Allemagne et la France. Cette décision de la Cour de justice européenne pourrait également permettre au secrétaire d’Etat Theo Francken (N-VA) de contester une décision de Justice qui le contraint à donner suite à une demande de visa d’une famille famille syrienne. Theo Francken avait estimé qu'accorder un visa à cette famille constituerait un "précédent dangereux" qui ferait perdre à la Belgique "le contrôle de ses frontières". Invité ce matin sur La Première le secrétaire d’Etat à l'Asile et à la Migration plaide en faveur d'un soutien plus important aux pays voisins de la Syrie pour l'accueil de réfugiés. Theo Francken explique que "tout le monde ne peut pas venir en Europe " mais que la Belgique continuera à accorder des visas humanitaires: "j’en ai donné 1.200 l’année passée", précise-t-il.
La réaction du CNCD-11.11.11
"Le bon sens a triomphé", s’est réjoui par tweet interposé Théo Francken, le secrétaire d’Etat à l’Asile et aux Migrations. La Cour de Justice de l’UE a finalement tranché. Les Etats européens ne sont pas obligés de donner des visas humanitaires à toute personne devant fuir des situations inhumaines et dégradantes. A l’origine de cet arrêt, il y le refus de l’Etat belge d’accorder à une famille syrienne d’Alep un visa humanitaire pour qu’elle puisse se rendre dans notre pays afin d’y demander l’asile.
L’enjeu, de taille, dépasse évidemment nos frontières. Ce qui se joue, c’est la possibilité pour les demandeurs d’asile, syriens et autres, d’accéder au sol européen sans risquer leur vie sur les dangereuses routes "irrégulières". Rappelons qu’en 2016, plus de 5 000 morts ont été enregistrés rien qu’en mer Méditerranée. Pour le CNCD-11.11.11, l’Europe doit impérativement respecter ses obligations en matière d’asile. Les visas humanitaires sont un des instruments légaux permettant de faire respecter ce droit.
Au lieu de fermer ses frontières, l’Europe doit créer des voies sûres et légales de migrations afin de faire respecter les droits fondamentaux des personnes migrantes et leur permettre de vivre dignement. C’est ce message que le CNCD-11.11.11 et ses membres martèleront tout au long de l’année dans leur combat pour la justice migratoire. Comme le relève l’avocat de la famille syrienne dans Le Soir, "L’ironie de l’histoire c’est que la communication gouvernementale dans le conflit syrien a toujours insisté sur la protection des chrétiens d’Orient. Et au final c’est contre une famille chrétienne orthodoxe de trois enfants que la lutte la plus rude aura été menée."
Le « Yesss ! Gewonnen ! » de Monsieur Francken sur Twitter est du plus mauvais goût face à tragédie en cours aux frontières de l’Europe, conclut le communiqué du CNCD-11.11.11.
"Nous sommes prêts à aller les chercher nous-même"
En juillet 2015, l’Europe décidait de relocaliser 160 000 demandeurs d’asile en deux ans. En février 2017, cet objectif était loin d’être atteint : seuls 11 966 demandeurs d’asiles ont été relocalisés (soit 8 766 depuis la Grèce et 3 200 depuis l’Italie). La Belgique n’a relocalisé que 177 demandeurs d’asile depuis la Grèce et 29 depuis l’Italie. Et elle s’apprête à revoir encore ses objectifs à la baisse, à l’instar de la Commission européenne. C’est pourquoi des citoyens sont venus ce lundi la rappeler à l’ordre. Ce 6 mars, des centaines de personnes se sont rassemblées à Bruxelles en proposant d’aller "chercher elles-mêmes, en voiture, les réfugiés coincés en Grèce pour aider à les relocaliser." La campagne "Let’s Bring them Here" (Ramenons-les ici) a été initiée aux Pays-Bas par des citoyens qui "ne pouvaient plus ignorer le sort tragique des réfugiés coincés en Grèce." Au-delà du geste symbolique, les organisateurs espèrent que les Etats entendront l'appel à la solidarité et qu'ils respecteront enfin leurs engagements en faveur des droits fondamentaux des migrants.
MV/CNCD/Le Soir