Féminisme et transhumanisme : quel avenir pour la femme ?


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Féminisme et transhumanisme : quel avenir pour la femme ?
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
3 min

Où nous mène le progrès? Quelles sont les applications des toutes nouvelles découvertes biologiques? Que pouvons-nous raisonnablement espérer des manipulations du vivant dans les laboratoires? Autant de questions auxquelles répond Laetitia Pouliquen dans un petit livre très éclairant.

C’est un vrai pavé dans la mare des féministes dogmatiques. Il fait le tour de leurs revendications historiques et le tri, en partant du concret, entre ce qui concerne l’égalité homme-femme (comme le droit de vote) et ce qui relève de l’idéologie (nier la complémentarité).

Réalisant une synthèse jusqu’alors inédite, l’auteure y dénonce les dérives qui se sont peu à peu glissées dans nos mentalités. Elle explique comment la théorie du genre, qui pollue toutes les hautes institutions internationales, aboutit à la banalisation de la gestation pour autrui (GPA) et, petit à petit, au transhumanisme. En effet, par compassion à l’égard de couples stériles, la recherche a développé la fécondation in vitro, laquelle a permis de grands progrès dans la connaissance de la vie embryonnaire. Mais, en parallèle, s’est institué un glissement sémantique vers un droit à l’enfant, nécessitant de faire appel à un don de gamètes en cas d’infertilité de l’un des parents. Il n’en fallait pas plus pour que des personnes homosexuelles réclament ce droit, au nom de la non-discrimination… Connaissant depuis des années les liens qui se tissent entre un enfant et sa mère durant la grossesse, comment peut-on décider de le priver volontairement de ces étapes de son développement affectif et psychologique?

Et le propos va plus loin en constatant la place toujours grandissante dans notre société, de la notion de bien-être, sans cesse élargie par la publicité et les médias. Ainsi, à vouloir supprimer certaines anomalies, ce sont souvent les porteurs de ces handicaps, donc des êtres humains, qui sont éliminés. C’est ce qui arrive, en France, pour la quasi-totalité des enfants dont le test sur la trisomie 21 s’avère positif. Il s’agit bien du côté invasif des biotechnologies au sein de la vie humaine, ce qui s’apparente peu à peu à une mainmise de l’Etat par des lois qui ont toute l’apparence de la légitimité. En Grande Bretagne et aux Etats-Unis, on propose aux femmes qui ne veulent pas interrompre leur carrière de faire congeler leurs ovules, pour le jour où elles souhaiteront prendre le temps d’avoir un enfant. De là à promouvoir l’utérus artificiel qui leur évitera les désagréments de la grossesse et de l’accouchement, il n’y a qu’un pas de quelques années, les expériences étant très avancées dans ce domaine. De même, l’implantation de puces électroniques ou de logiciels ultra-miniaturisés vise l’augmentation des facultés du cerveau ou des performances corporelles. Survient alors le danger d’opposition entre l’intelligence artificielle, connue pour surpasser largement nos capacités de calcul et d’analyse, et l’ensemble des facultés humaines qui font appel à l’imagination, la créativité… et surtout à la conscience.

Comment en sommes-nous arrivés là? Et où cela nous mène-t-il? C’est tout l’intérêt de cet essai, répondre à ces questions, en ouvrant des pistes d’orientations, éthiques et politiques, à prendre pour garder entre nos mains l’avenir de l’humain.

Un petit livre à lire, et à faire lire notamment aux jeunes souvent submergés d’informations de moindre importance, pour mettre en lumière le cœur du problème: est-ce que tout ce qui est faisable est souhaitable?

Sabine PEROUSE

"Femme 2.0", Laetitia Pouliquen, Saint-Léger Editions, 2016, 180p, 17€.

Catégorie : Culture

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