L’incivisme, un égoïsme aux multiples visages


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L’incivisme, un égoïsme aux multiples visages
Par Manu Van Lier
Publié le - Modifié le
5 min

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Qui ne s'est pas un jour indigné de voir un véhicule stationné sur un passage pour piétons, une personne jetant négligemment en rue une canette vide, quelqu'un remontant une file d'attente afin de resquiller quelques places ?

La paresse mère de l'égoïsme et le règne du « tout, tout de suite »

La plupart des incivilités que l'on constate quotidiennement sont liées au monde de la circulation routière, ce sont du moins celles que l'on remarque en premier lieu de par notre mode de vie et nos déplacements. Elles pénalisent tant le piéton que l'automobiliste respectueux du code de la route.

L'automobiliste qui se gare en double file alors que des emplacements sont libres à peine 10 mètres plus loin, qui occupe abusivement une place pour handicapés sur un parking de grande surface parce que l'entrée du magasin est plus proche et qu'il pleut, celui qui n'hésite pas à stationner sur le trottoir, forçant les mamans avec landaus à emprunter la chaussée pour contourner l'obstacle, avec les risques que cela comporte pour la sécurité, le parent qui voudrait accéder en voiture dans la classe de son enfant et qui le met en danger en ne respectant pas les règles élémentaires de prudence aux abords des écoles. En France, des associations apposent des panneaux au message clair et direct aux emplacements pour handicapés (voir photo)

La liste d'exemples pourrait être plus longue encore. Il ne s'agit ici que de situations dans lesquelles l'individu ne vise qu'à en faire le moins possible tout en cherchant à obtenir le plus possible le plus vite possible.

Des incivilités plus sournoises

Malheureusement, le champs d'action des inciviques ne se limite hélas pas qu'à la voiture, de multiples situations de la vie nous le montrent fréquemment. Abandonner des poubelles de manière clandestine sans utiliser les sacs ad hoc fournis par les communes, jeter des canettes ou des papiers en rue, traverser le passage pour piétons à la phase rouge, voire l'ignorer alors qu'il est à moins de 30 mètres, ou encore laisser son chien faire ses déjections sur le trottoir ou le long d'une haie sans prendre le soin de les ramasser et de les mettre dans un petit sachet alors qu'une grosse majorité de villes et communes ont édité un règlement à cet effet.

Tous âges, classes sociales, origines, situation géographique et sexes confondus

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Il est de tradition de s'imaginer que les incivilités sont l'œuvre de personnes de classes sociales dites défavorisées, ou d'origine étrangère, d'une autre culture. Il nous suffit d'observer autour de nous pour se rendre compte qu'on ne peut classifier les auteurs d'actes inciviques selon des critères précis.

À telle enseigne la mésaventure d'une habitante d'une commune dite « aisée » de la proche périphérie liégeoise. Elle habite un quartier calme, aux maisons bourgeoises, où la moyenne d'âge avoisine 50 ans. Quelle ne fut pas sa mauvaise surprise de découvrir le long de la haie de sa maison, plus précisément à l'entrée d'un chemin de promenade assidûment fréquenté par tous, surtout des enfants, un amoncellement de déjections canines variées laissées là au mépris de la plus élémentaire éducation (voir photo).

Pour éviter ces désagréments, la vile de Toulouse a créé l'appli mobile Bye Bye Crottoir grâce à laquelle les habitants peuvent envoyer la photo des déjections qu'ils viennent de découvrir, la photo se géolocalise et es services de nettoyage peut aisément se rendre sur les lieux, original et efficace !

Un projet wallon pour des « agents constatateurs » assermentés

Le ministre wallon de l'environnement Carlo di Antonio a déposé ce 3 novembre un projet de décret afin de permettre à de simples citoyens formés et assermentés de constater les incivilités environnementales, dans un but de maintien de la propreté. Le projet devrait être adopté d'ici un mois (sources RTBF)

Définir les causes

On ne peut pas affirmer que les incivilités soient la cause d'une mauvaise éducation ou de l'appartenance à un milieu défavorisé, les exemples de la réalité le prouvent par eux-mêmes. Mais les comportements tels que cités sont en constante progression, depuis à peine deux décennies cependant. Précisément depuis que la société a commencé à changer à très grande vitesse, que les comportements humains se sont modifiés pour suivre le rythme frénétique de la société de consommation, le «tout, tout de suite» et le «moi d'abord». L'Homme s'écarte de plus en plus de ses valeurs naturelles en se laissant happer par une société toujours plus avide d'immédiateté, mais qui créent aussi de faux besoins.

«Mais tout n'est pas perdu et les êtres humains, capables de se dégrader à l'extrême, peuvent se régénérer»

Ces paroles du Pape François sont extraites de son encyclique « Laudato Si » écrite avant la tenue de la COP21 en décembre 2015. Bien que l'encyclique concerne les causes du réchauffement climatique et les solutions à envisager pour y remédier et sauver « la Terre, notre maison commune » certains extraits peuvent être mis facilement en parallèle avec ce fléau qu'est l'incivisme. Jorge Bergoglio affirme notamment que « le droit à la propriété privée n'est pas absolu et intouchable », il regrette « la soumission à la technologie aveugle »,il signale que «l'humanité est appelée à prendre conscience de la nécessité de réaliser des changements de style de vie, de production et de consommation » et il voit comme remède une révolution sociale, économique et culturelle. À un autre niveau et à ue autre échelle les causes ont identiques et les solutions comparables.

L'Homme détruit la Terre, mais l'Homme s'auto-détruit par là même. Soyons positifs comme François et changeons nos habitudes pour retrouver un rythme sain et naturel.

Texte et photos Philippe BALDELLI

Catégorie : L'actu

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