Le psychodrame belge vécu la semaine dernière, à propos du Ceta, le traité commercial entre l’Union européenne et le Canada, n’a donc finalement pas empêché que ce dernier soit signé le week-end dernier. Cette « saga » digne de notre surréalisme dont nous sommes fiers, a mis en lumière des éléments qui m’interpellent. Savoir si ce traité est finalement bon ou pas pour nos agriculteurs et pour nos entreprises n’est pas mon propos. En revanche, les musculations verbales auxquelles nous avons assisté la semaine passée, méritent qu’on s’attarde sur les moyens utilisés par le monde politique pour défendre ses idées.
De ce combat digne d’Astérix, la Wallonie affirme être sortie gagnante… ce que dément le Premier ministre. Pour lui, rien n’a été modifié au traité de libre-échange, ce que confirme en grande partie le président de la Commission européenne. Y-a-t-il eu des pressions? Encore faut-il s’entendre sur ce que contient ce mot. De toute évidence, il y a là des mensonges.
Arrêtons de prendre nos concitoyens pour des abrutis. Nous ne sommes plus au XIXe siècle, où la majorité de la population était peu rompue à la chose publique et où l’illettrisme était réel. Aujourd’hui, les gens sont capables de se faire une idée sur les grands sujets qui agitent notre société. Ils entendent être acteurs et non spectateurs. C’est déjà vrai parmi la jeunesse, qui est ouverte sur le monde et qui rejette cette façon d’agir. A ces jeux du « c’est moi qui ai gagné » et des non-dits, le monde politique se décrédibilise. Pire, il se saborde et contribue à pousser les populations dans les bras des extrémistes de tous bords. De là à ce qu’il y ait un rejet des partis dits « traditionnels », il n’y a qu’un pas que d’aucuns ont déjà franchi. Car comment peut-on en effet avoir encore confiance, si l’on sait que, de toute manière, on nous a trompés? Il y a là un vrai danger. On comprend mieux dès lors, l’apparition de partis « citoyens » comme le parti « Pirate » en Islande, Podemos en Espagne et Syriza en Grèce. Elle est l’expression de cette défiance. Le pape François nous invite fréquemment à agir, à « ne pas nous laisser voler notre espérance ». Lors des derniers JMJ, il a poussé les jeunes à donner dans le concret: « Le monde vous demande d’être des protagonistes de l’histoire! »
Encourageons donc nos représentants politiques à se souvenir qu’ils sont d’abord l’émanation de la société civile et que celle-ci n’entend plus accepter les discours en langue de bois. Nous avons un impérieux besoin de transparence. Il y va de l’avenir de la société.
Jean-Jacques Durré
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