Les défis de l’Eglise en 2015


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Les défis de l’Eglise en 2015
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
6 min

150619-093835-evropske-biskupske.konference-praha-mare-img3502Du 17 au 20 juin, les porte-paroles des Conférences épiscopales d’Europe se sont retrouvés à Prague en Tchéquie, parallèlement à une réunion des secrétaires généraux (18-21 juin). L’occasion de faire le point sur les défis de l’Eglise dans l’Europe de 2015.

La rencontre annuelle des attachés de presse et porte-paroles (17-20 juin) ainsi que celle des Secrétaires généraux des Conférences épiscopales d'Europe (18-21 juin) cette année se sont déroulées, en partie conjointement, à Prague (République Tchèque) à l'invitation de Mgr. Tomáš Holub, Secrétaire Général de la Conférence épiscopale Tchèque. Pendant leurs travaux, les porte-paroles et les secrétaires généraux ont abordé un grand nombre de sujets, en partie séparément et en partie conjointement.

L’Eglise et les médias sociaux

Les Conférences épiscopales sont en train de faire un grand effort pour communiquer dans l’ère du numérique et pour s’équiper afin de pouvoir utiliser correctement les réseaux sociaux (Facebook, Twitter…). Gérer le profil numérique d'une personne ou d'une institution ecclésiale pose de nouveaux défis. Il faut être immédiats, il faut ‘penser’ photographiquement ou ‘vidéographiquement’, il faut adopter une attitude de dialogue, ouverte à l'interactivité et surtout insister sur la formation des communicateurs. On ne peut pas s'improviser social media editor, il faut être compétents et professionnels. En effet, il ne suffit pas d'avoir une page Facebook, d'envoyer quelques tweet ou de poster des contenus conçus pour d'autres médias, si l'on veut proposer l'Evangile de Jésus-Christ avec un langage moderne et attrayant. L'utilisation des médias sociaux n’est certainement pas le but de principal de l'activité des bureaux de presse de l'Eglise, mais c'est tout de même un outil et un défi constant à relever si l'on veut atteindre notamment les jeunes générations où qu'elles se trouvent.

La transparence dans l’Eglise

Les participants se sont penchés aussi sur le courant de «sympathie» dont l’Eglise jouit de la part de l’opinion publique. Ce courant de sympathie n'est pas dû uniquement à la capacité de communication extraordinaire du pape François, mais également à sa volonté d'introduire une plus grande transparence au sein de l'Eglise, notamment en ce qui concerne les finances et leur gestion, ont estimé les participants. «En partant de l'étude du cas du I.O.R., grâce à l’aide de deux experts de la société Communications & Network Consulting, chargée précisément de la communication du I.O.R, les porte-paroles ont abordé le thème des ‘bonnes pratiques’ a adopter pour parvenir à une communication transparente sur les activités de l'Eglise, en particulier dans le domaine économique-financier. Cependant, si la transparence est fondamentale pour construire la bonne ‘réputation’ d'une institution et, en tant que telle, même de l'Eglise, les porte-paroles ont voulu rappeler que celle-ci n'est pas une valeur en soi, mais c'est plutôt un instrument, nécessaire pour aller au-delà des nombreuses idées préconçues et des ‘légendes urbaines’ particulièrement à la mode lorsque l'on aborde le sujet des finances de l'Eglise», signale le communiqué final de la conférence.

Jubilé de la Miséricorde

Dans le cadre d’une vidéoconférence avec le Président du Conseil Pontifical pour la Nouvelle Evangélisation, Mgr Rino Fisichella, les porte-paroles se sont penchés sur le thème du Jubilé de la Miséricorde que le pape François a proclamé avec la Bulle d’indiction "Misericordiae Vultus", en faisant état des événements internationaux déjà programmés. Le caractère exceptionnel de ce jubilé réside également dans sa célébration qui veut avoir, également et surtout, un fort caractère local. Les éléments fournis par Mons. Fisichella serviront pour atteindre une meilleure coordination et une plus grande diffusion des activités internationales et nationales.

Enfin, autres sujets abordés: la réforme des structures de communication du Vatican, le Synode sur la famille et l'Encyclique «Laudato si’». Avec Mgr Claudio Maria Celli, Président du Conseil Pontifical pour les communications sociales, les participants ont abordé le thème de la réforme des structures de la communication du Saint Siège. Mgr Celli a présenté les lignes directrices qui ont inspiré cette réforme, tout en mettant en exergue le chemin de réflexion qui ait été parcouru et les questions abordées. En particulier, les participants se sont penchés sur la dimension intra-ecclésiale de la communication entre Saint-Siège et Conférence épiscopales, toujours dans l'optique d'approfondir et de développer, ensemble et de la meilleure façon possible, les modalités d'annonce du message de l'Eglise universelle.

Les secrétaires et les porte-paroles ont analysé la façon dont se déroulera le prochain Synode des Evêques sur la famille. De son côté, Mgr Osvaldo Neves de Almeida, Officiel de la Secrétairerie d’Etat, a présenté la nouvelle Encyclique du pape François «Laudato si’» en mettant en exergue les éléments de continuité avec le magistère pontifical des derniers pontifes en matière d'écologie, ainsi que les éléments nouveaux. En expliquant les fondements théologiques et anthropologiques de celle qui se présente comme étant une Lettre pastorale de doctrine sociale de l'Eglise, Mgr Neves de Almeida a souligné le fait qu’elle se veut comme étant un appel retentissant non seulement à la conversion pastorale mais également à la conversion politique et sociale.

Le christianisme en Europe

Quelle est la situation du christianisme en Europe? Est-il sur son déclin ou bien sommes-nous face a une crise du ‘juste milieu’ qui pourrait effrayer ou devenir une opportunité? C’est la question posée par Mgr Prof. Tomáš Halik, qui a remporté le prix Templeton 2014, en intervenant à la rencontre des secrétaires généraux. A la suite d’une profonde réflexion sur le thème du christianisme dans le continent européen, l'idée qui jaillit est que les Européens, même s’ils disent ‘non’ à toute forme d'institutions - et donc même à l'Eglise - continuent tout de même à être des chercheurs de Dieu. «L'Eglise est donc appelée à devenir compagnon de route de tous les hommes et les femmes en quête de Dieu».

Enfin, cette année, la présentation des rapports des Conférences épiscopales de la part des secrétaires généraux s'est déroulée à partir de deux sujets particulièrement actuels et urgents pour l'Eglise: la théorie gender et la question des réfugiés et des demandeurs d'asile. Inclusion, compassion et égalité sont les termes qui, bien qu'appartenant au langage ecclésial, ont alimenté et continuent de le faire, le débat de ceux qui utilisent la théorie gender pour promouvoir une nouvelle anthropologie qui exclut toute distinction sexuelle naturelle, pour promouvoir l'union de personnes de même sexe et leur possibilité de filiation. Dans cette confrontation sociale, il est important que l'Eglise sache établir un dialogue tout d'abord avec ses fidèles, qui ne sont plus disposés à se tenir en marge du débat social. Quant à la question des réfugiés et des demandeurs d'asile, les secrétaires généraux tirent la sonnette d'alarme face a un ‘égoïsme social’ de plus en plus évident, alimenté par une politique migratoire centrée sur le thème de la sécurité, qui sévit dans de nombreux pays européens. Même au sein de l'Eglise, ont souligné les secrétaires généraux, il faut reprendre une réflexion sur les raisons et qui soutiennent l'activité et la position de l'Eglise concernant le phénomène migratoire. Bien que tous reconnaissent généralement l'immense travail mené par l'Eglise dans ce domaine, elle ne peut remplacer les Etats. Bien au contraire, elle est appelée à insister afin que les Etats assument leurs responsabilités dans la gestion du phénomène migratoire et des migrants, des réfugiés et des demandeurs d'asile, dans le respect de leur dignité et des droits de l'homme.


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