Dans un entretien publié dans les colonnes de La Libre Belgique, le président de la Ligue belge contre l’antisémitisme (LBCA), Joël Rubinfeld, a rendu compte de la recrudescence du sentiment anti-juif dans notre pays et invoque une réaction d’urgence.
Au total quelque 40.000 juifs sont installés en Belgique. Depuis plusieurs années déjà, le sentiment antisémite grandit dans notre société, avoue Joël Rubinfeld, président de la LBCA. Les propos tenus par Dieudonné et le récent attentat au Musée Juif de Bruxelles ne représentent, d’après lui, que la pointe visible de l’iceberg.
"Les statistiques sur les actes antisémites augmentent d’année en année. Et à chaque fois que des troubles émergent dans l’actualité du Proche-Orient, il y a un pic d’antisémitisme", constate-t-il. Invoquant le rapport publié récemment par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne, le président de la LBCA rappelle que la Belgique faisait partie des plus mauvais pays en matière de discrimination et de crimes contre la population juive. "Dans notre pays, 28 % des personnes interrogées disaient avoir été la cible au cours des douze derniers mois d’insultes verbales, de harcèlement ou d’attaques physiques pour le simple fait d’être juif, et 41 % affirmaient qu’ils envisageaient d’émigrer parce qu’ils ne se sentent plus en sécurité ici en tant que juifs."
Une réalité constatée sur l'ensemble de l'UE
Selon Joël Rubinfeld, un "exode silencieux" de la population juive a commencé. Il concerne principalement les jeunes désireux de suivre leurs études ailleurs ou encore les retraités. Les chiffres manquent pour dénoncer cette réalité mais elle est présente dans tous les pays d’Europe, constate le président.
Sur les réseaux sociaux et forums en tous genres, les paroles racistes se déchaînent et n’épargnent pas la population juive du pays. "Or, toute l’histoire nous montre que le passage à l’acte est toujours précédé d’une libération de la parole", craint Joël Rubinfeld. "Il y a déjà des agressions physiques, du harcèlement. Les rabbins se font cracher dessus ou frapper lorsqu’ils marchent en rue. On ne peut plus se promener dans certains quartiers avec son étoile de David autour du cou sans fermer le dernier bouton de sa chemise ", témoigne-t-il.
Le président de la Ligue belge contre l’antisémitisme déplore l’attitude insuffisante de nos élites politiques qu’il juge lâche et parfois même inexistante. Il plaide pour une tolérance zéro et veut sanctionner davantage les propos racistes et antisémites qui prolifèrent sur la Toile. Il encourage également "une prise de conscience publique, par des paroles et des actes de la part de personnalités politiques de premier plan." Prenant exemple sur la France, Joël Rubinfeld compte interpeller le prochain gouvernement pour que nos dirigeants fassent "de la lutte contre l’antisémitisme une cause nationale".
ST (d’après La Libre Belgique)