Alors que les manifestations continuent dans la plupart des grandes villes du Brésil et qu’un appel à la grève générale est lancé, via les réseaux sociaux, pour le lundi 1er juillet, les initiatives se multiplient pour concrétiser les demandes de la rue. La Conférence épiscopale brésilienne (CNBB) a décidé de lancer, avec le Conseil fédéral de l’Ordre des avocats du Brésil (OAB) et le Mouvement de lutte contre la corruption électorale (MCCE), une initiative nationale pour obliger le Congrès à légiférer sur les revendications de la rue.
Deux semaines après le début du mouvement social qui secoue le pays, la mobilisation continue au Brésil. Chaque jour des milliers de personnes défilent dans les rues des grandes villes et réclament des changements profonds au sein de la société. Les revendications portées par les manifestants, en majorité des jeunes de la classe moyenne, sont multiples et soutenues par une large majorité de la population. Selon l’hebdomadaire "Epoca", 75 % des Brésiliens appuient le mouvement.
La CNBB reçue par Dilma Rousseff
Après avoir soutenu ouvertement le mouvement à travers un communiqué publié le 21 juin, et enjoignant les politiques à "écouter les clameurs de la rue", la Conférence épiscopale brésilienne (CNBB) multiplie les initiatives. Le 22 juin, son président le cardinal Raymundo Damasceno Assis a été reçu par la présidente Dilma Rousseff. Le prélat a rappelé la position de l’Eglise catholique du Brésil et a obtenu l’assurance, de la part de la présidente, que l’Etat entendait bien maintenir son engagement d’accueillir les prochaines Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) à la fin du mois de juillet.
Une pétition pour 1,5 million de signatures
Lundi 24 juin, la CNBB a participé, en compagnie du conseil fédéral de l’Ordre des avocats du Brésil (OAB) et du Mouvement de lutte contre la corruption électorale (MCCE), au lancement public d’une pétition nationale pour un projet de loi d’initiative populaire pour "obliger le Congrès à voter immédiatement les justes revendications de la société exprimées dans la rue", par des centaines de milliers de manifestants. L’objectif de la CNBB et de ses partenaires est de récolter 1,5 million de signatures dans les 30 jours, soit le nombre minimum nécessaire pour lancer le processus législatif qui doit être approuvé, sanctionné et publié au Journal officiel de l’Union (l’Etat fédéral) au plus tard le 5 octobre, soit un an avant les prochaines élections présidentielles.
Réforme du système électoral
Parmi les revendications figure notamment la "Réforme politique maintenant", une initiative accompagnée par 70 organisations de la société civile qui propose de revoir profondément le système électoral. Le combat contre la corruption et la liberté d’expression sur Internet figurent également parmi les revendications, avec la mise en place de "Comités de contrôle social des dépenses publiques", y compris celles inhérentes à l’organisation de la Coupe du Monde 2014. Par ailleurs, le projet revendique un investissement conséquent dans les secteurs de la santé et de l’éducation, avec 10% du produit intérieur brut (PIB) pour chaque poste. Enfin, le projet de loi réclame la création urgente d’un Code de défense des usagers des services publics.
Quant à la présidente Dilma Rousseff, elle a annoncé le 24 juin vouloir créer un "grand pacte national" afin d'améliorer les services publics et proposé l’organisation d’un référendum populaire.
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