Paroles de réfugiés


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Paroles de réfugiés
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
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"Je n'avais plus le choix, il fallait fuir". Ces paroles sont celles d'un réfugié, recueillies avec beaucoup d'autres, dans un livre écrit par l'ACAT, l'Association des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture. Née à Versailles en 1974, cette association se donne pour but de combattre la torture partout dans le monde, sans distinction idéologique, ethnique ou religieuse. Par la suite, l’abolition de la peine de mort sera ajoutée à son mandat, ainsi que la défense du droit d’asile.

Cet ouvrage donne la parole à 21 personnes originaires de 12 pays différents d’Afrique, d’Asie ou du Moyen-Orient. Leurs témoignages sont mis en perspective avec des textes d’analyse et des éléments contextuels afin d’apporter un éclairage sur la situation des droits de l’homme dans certains pays, sur les politiques française et européenne de l’asile ou sur les difficultés administratives ou judiciaires auxquelles sont confrontés les réfugiés. Les récits sont aussi émaillés de cartes illustrant le parcours des ces hommes et de ces femmes avant de gagner la France et de photographies de certains d’entre eux.

Pourquoi ce livre ?
Chaque année, l’ACAT reçoit à son siège parisien près de 200 personnes venues chercher refuge en France. L'association collecte leurs récits avec un objectif précis: leur permettre d’étayer les raisons qui les ont poussé à fuir leur pays et d’exposer clairement les persécutions subies et les risques encourus en cas de retour, afin qu’ils obtiennent la protection de la France. L'apport d'un savoir-faire juridique et d'une aide pour surmonter les multiples obstacles de la procédure d’asile leur sont précieux. Certaines histoires de vie interpellent par leur dimension à la fois émotionnelle et dramatique, mais aussi combative. Ce "matériau humain" a été utilisé pour la publication des témoignages retraçant divers parcours d’asile.
En touchant un public large de non spécialiste, cet ouvrage poursuit un double objectif: d’abord et surtout, il vise à changer le regard sur les réfugiés. Les candidats à l’asile n’ont pas choisi l’exil: c’est contre leur gré qu’ils ont dû quitter leur pays, parce que leur vie y était en danger ou leur dignité bafouée. En demandant l’asile en France, ils sont contraints à un deuil douloureux: celui de leur passé, de leur famille, de leur pays, de leur statut social…
Le second objectif est de dénoncer une politique de stigmatisation des réfugiés et de fragilisation de leurs droits et à alerter sur l’impérieuse nécessité d’améliorer le système censé les protéger. Un système qui soumet les candidats à l’asile à des conditions de vie parfois indignes, aux pratiques illégales des préfectures, à l’aléa et à la suspicion des organes de protection, à un labyrinthe de démarches administrative et juridiques. Et qui, in fine, les expose au risque d’être renvoyés vers le pays qu’ils ont fui et de subir de nouvelles persécutions parce que les dangers qu’ils y encourent auront été mal évalués.

L’ouvrage s’ouvre sur le récit d’Atiq Rahimi, qui a accepté d’en signer la préface. Écrivain et réalisateur, Atiq Rahimi a obtenu l’asile en France après avoir fui l’Afghanistan en 1984. Il a reçu le prix Goncourt en 2008 pour son roman "Syngué Sabour, pierre de patience", adapté au cinéma en 2013.

CP/SB

"Je n'avais plus le choix, il fallait fuir. Paroles de réfugiés", ACAT, Edition Les petits matins, 206 pages.


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