Survenu le 4 mai, le décès du professeur de Duve ne laisse pas indifférent. D'abord parce qu'il s'agit de la disparition d'un scientifique brillant, dernier Prix Nobel belge encore en vie. Mais, surtout parce qu'il s'en allé au moment où il l'a décidé !
Christian de Duve a reçu le Prix Nobel de médecine en 1974. Une consécration internationale qui lui valut une grande notoriété et surtout une grande crédibilité auprès de ses pairs, renforcée par son sens inné de la pédagogie. Enseignant à l'UCL, Christian de Duve a publié de nombreux ouvrages scientifiques, avant de livrer un ultime recueil de souvenirs, cette année, aux éditions Odile Jacob. Avec sa disparition, c'est le monde scientifique qui est en deuil.
Agé de 95 ans, il a connu de grands bonheurs et probablement d'autres malheurs. Mais, plus que sa mort, ce qui surprend, c'est la façon dont il s'en est allé, puisque le scientifique a choisi de se faire euthanasier. Il avait accordé une interview à Béatrice Delvaux du quotidien "Le Soir", après avoir pris cette décision. Lors de cette ultime rencontre, qualifiée à présent de posthume, il met en garde contre une apocalypse imminente. Il déclarait aussi : « La mort, ce serait beaucoup dire qu’elle ne m’effraye pas, mais je n’ai pas peur de l’après car je ne crois pas. Lorsque je disparaîtrai, je disparaîtrai, il ne restera rien. » Le professeur de Duve n'a jamais caché avoir pris ses distances avec la religion et l'Eglise, se déclarant ouvertement agnostique.
Le scientifique s'en est allée sur la pointe des pieds, entouré de l'affection de ses trois enfants. Quel qu'il soit, un départ a toujours la couleur des regrets.
A. T.