L’intensification des combats au Mali et l’intervention internationale qui se met en place poussent les organisations humanitaires à revoir la manière d’organiser l’aide dans le pays. La Croix-Rouge intensifie son action au sud du pays et dans le même temps, Handicap International retire ses équipes présentes dans le nord, région la plus touchée par le conflit.
L’ONG Handicap International a annoncé qu’elle suspend temporairement ses activités au Mali. L’association, qui effectue notamment des distributions de denrées alimentaires dans la partie nord du pays depuis l’été 2012, a demandé à l’ensemble de ses équipes de se mettre à l’abri et de se tenir prêtes à relancer, dès que possible, les programmes d’assistance aux populations civiles. Pour Marc Vaernewyck, directeur belge du programme Mali de Handicap International, les opérations militaires en cours doivent à tout prix permettre un redéploiement rapide de l’aide humanitaire : « Nous avons été contraints de suspendre temporairement nos activités pour préserver la sécurité de nos équipes, mais nous sommes déjà aujourd’hui dans la phase de redéploiement. Nous sommes bien sûr très préoccupés par le sort des populations qui survivaient déjà dans des conditions très difficiles, et se trouvent aujourd’hui privées d’aide humanitaire. Il faut à tout prix que les combats qui ont lieu en ce moment épargnent les populations civiles, mais il faut aussi que l’intervention ouvre la voie, le plus rapidement possible, à une reprise des opérations humanitaires. ». Avant même la reprise des combats, près de 200.000[1] personnes avaient déjà dû se déplacer à l’intérieur du pays pour se mettre en sécurité. Ces personnes qui se retrouvent aujourd’hui privées de leur moyens de subsistance, doivent absolument être soutenues par des opérations humanitaires jusqu’à ce qu’elles puissent retourner chez elles.
La Croix-Rouge, installée dans la moitié sud du pays
Présente au Mali depuis 2009, la Croix-Rouge de Belgique, en étroite collaboration avec la Croix-Rouge malienne, poursuit des projets à long terme de lutte contre la malnutrition qui ont déjà permis de sauver plus de 15.000 enfants d’une mort certaine. Malgré la situation actuelle, ces projets conduits au Sud du pays, à Ségou et Nioro (au Nord de Bamako, des endroits actuellement classés en « zone rouge »), se poursuivent pour le moment, « La situation à Bamako est pour le moment relativement calme», témoigne Gabriele Nestel, la représentante de la Croix-Rouge de Belgique.
La Croix-Rouge évalue par ailleurs les mouvements des personnes déplacées qui fuient les zones de conflit du Nord. Des sites de transition sont identifiés pour établir des futurs camps de réfugiés et apporter l’aide requise à ces personnes dans une zone déjà sujette de manière récurrente à la malnutrition. 13 tonnes de vivres sont prêts à être distribués dans les camps de réfugiés de Mopti. Ces stocks devront rapidement être reconstitués pour subvenir aux besoins des populations.
CP/MVL - Photo : © ICRC / D. Mahamadou
Sur ce sujet, écoutez également le témoignage de Jean-Nicolas Marti, chef de la délégation régionale de la Croix-Rouge Internationale à Niamey : https://www.icrc.org/eng/resources/documents/interview/2013/01-15-mali-marti.htm
[1] 198 558 selon le bulletin d’information de OCHA (Office for the Coordination of Humanitarian Affairs) du 7 janvier 2013 : https://www.unocha.org/crisis/sahel