Escapades d’été: Saint-Loup, temple du baroque


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Escapades d’été: Saint-Loup, temple du baroque
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
3 min

Charles Baudelaire en parlait comme d'une "merveille sinistre et galante", comme d'un "terrible et délicieux catafalque". L'église Saint-Loup est tout cela à la fois. Sise au centre du Vieux Namur, son imposante stature cache un cœur tendre fait de boiseries finement ciselées et de marbres aux veines sinueuses. Entrer à Saint-Loup, c'est entrer dans un des plus beaux édifices baroques du XVIIe siècle en Belgique.

La rénovation de l'église Saint-Loup dure depuis 32 ans et n'est pas achevée à l'heure actuelle. Baudouin Libbrecht, le quatrième architecte responsable de la rénovation de l'édifice, est notre guide. Pendant quinze ans, il s'est donné corps et âme à la restauration du patrimoine mobilier de Saint-Loup. Au terme de sa carrière professionnelle, ce chrétien-architecte, comme il se définit lui-même, n'est pas sorti indemne dde ce chantier. "Il m'importait beaucoup d'être impliqué en tant que chrétien du XXIe siècle dans une œuvre du passé pour redonner, à terme, une nouvelle vitalité à une liturgie qui serait repensée dans ce lieu d'exception. Mon histoire est aussi mon combat pour que cette église ne soit pas désacralisée et que ses dimensions, cultuelle et culturelle, soient ajustées."

Le Baroque dans tous ses états
Si la Renaissance a valorisé l'Homme, le Baroque, lui, veut valoriser l'Église. "C'est donc le moment ou jamais de faire œuvre de magnificence afin d'attirer de nouveau les fidèles vers le catholicisme", explique Baudouin Libbrecht. Rien n'est trop beau, en effet, pour glorifier l'Église et le sacré. Tout à Saint-Loup, de l'architecture au mobilier, est un hymne au Baroque. À travers les vitres de verre blanc, la lumière vient se poser sur la somptueuse voûte en tuffeau calcaire de Maastricht, ornée de motifs végétaux sculptés sur les pierres en place. La nef et le chœur en sont tout illuminés.
Le regard descend ensuite sur les imposantes colonnes de marbre noir de Mazy et de "jaspe" rouge de Rochefort, léchées, elles aussi, par la lumière blanche. Des matériaux locaux qui constituent la quintessence de cette architecture baroque si remarquable à Saint-Loup, car c'est de son terroir que devait advenir une église de cette importance. C'est comme si le visiteur se trouvait au centre d'un immense vaisseau prêt à appareiller. De chaque côté du navire, une dizaine de confessionnaux en bois, récemment restaurés de mains d'artisans sculpteurs. Leurs petites colonnes aux entrelacs d'angelots et d'oiseaux, de fruits et de fleurs, distraient quelque peu les pécheurs durant leur face-à-face avec le prêtre.
Et puis, il ne faut pas oublier les grandes toiles peintes par le frère Jacques Nicolaï qui ornaient les autels et les murs de l'église. De ces tableaux directement inspirés d'œuvres de Rubens, neuf sont conservés aujourd'hui à la cathédrale Saint-Aubain et cinq autres attendent à Saint-Loup une urgente restauration.

Continuer à allumer le feu
La mission confiée à Baudouin Libbrecht il y a 15 ans lui colle toujours autant à la peau. Un architecte qui reçoit un tel cadeau dans sa vie ne peut qu'être ému devant une œuvre comme Saint-Loup. Sa compétence, mais aussi son enthousiasme, lui ont permis de soulever des montagnes. "J'ai été la locomotive de ce chantier", évoque-t-il. "J'espère qu'un jour, l'église Saint-Loup restaurée sera redevenue le fleuron de la ville de Namur. Je voudrais continuer à allumer un feu pour que les artisans puissent faire œuvre de qualité, afin de redonner sens à la vie, à la beauté, dans l'esprit de leurs prédécesseurs. Cette église a une vocation de relais, de balise sur le chemin de tous ceux qui passent ou qui s'arrêtent devant elle; tout ceux qui viendront se poser un moment à l'intérieur et regarder la beauté, tout simplement. Et cet enfant-là, je continuerai à l'accompagner dans sa destinée."
Sylviane BIGARÉ

Catégorie : Culture

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