Le 24 mai dernier, le cardinal hondurien Oscar Andres Rodriguez Maradiaga a été réélu président de Caritas Internationalis (CI). Réunie à Rome du 22 au 27 mai pour leur assemblée générale, les 165 Caritas à l'œuvre dans le monde lui ont effectivement confié un second mandat, par 96 voix sur 127. Sa réélection, pourtant, était loin d'être garantie.
"Le service des plus pauvres sera au cœur de mon nouveau mandat", a déclaré l'archevêque de Tegucigalpa (Honduras) aux délégués des 165 Caritas, après avoir été réélu, avec 75% des voix, président de la plus importante ONG catholique. Soutenant 24 millions de personnes dans le monde, employant 440.000 salariés et 625.000 bénévoles, les 165 Caritas fédérées à Rome par Caritas Internationalis (CI) s'appuient effectivement chaque année sur des ressources, privées et publiques, de 5,5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros).
Pourtant, l'élection du cardinal hondurien à sa propre succession demeurait incertaine. Selon des sources vaticanes, lui-même aurait d'ailleurs hésité à se représenter suite à l'éviction de Lesley-Ann Knight, l'actuelle secrétaire générale de l'ONG. Dans le souci de réaffirmer plus clairement l'identité catholique de la Caritas, le Vatican a effectivement demandé à cette dernière de ne pas solliciter un nouveau mandat de quatre ans lors de l'assemblée générale. Une décision tout à fait inédite dans l'histoire de CI, mais fondée en droit, puisque son statut canonique, promulgué par Jean-Paul II le 16 septembre 2004, prévoit cette possibilité.
Quoi qu'il en soit, le cardinal Maradiaga n'a pas hésité, le 22 mai dernier, à confirmer son soutien à Lesley-Ann Knight, louant "son professionnalisme, sa foi profonde et son engagement envers Caritas", et à faire part de son indignation devant les très nombreux représentants de la curie romaine présents. "La façon dont elle n'a pas été autorisée à se présenter a suscité du mécontentement au sein de notre confédération", a-t-il déclaré, "surtout parmi les nombreuses femmes qui travaillent pour Caritas dans le monde."
Faire la charité comme le Christ
Il semble, de plus, que l'archevêque de Tegucigalpa ne soit pas tout à fait sur la même longueur d'onde que le Vatican concernant la réorientation que celui-ci souhaite donner à l'ONG. En effet, si, pour le cardinal Maradiaga, "la justice est la première voie de la charité", pour le Vatican, la charité ne peut se réduire à une action sociale ou politique. "Une assistance humanitaire qui ferait abstraction de l'identité chrétienne et adopterait un style, pour ainsi dire, neutre, un mode d'agir qui chercherait à plaire à tout le monde, risquerait (…) de ne pas rendre un service à la hauteur de la pleine dignité de l'homme", a déclaré le cardinal Secrétaire d'Etat Tarcisio Bertone. "En résumé, l'Eglise ne doit pas seulement faire la charité, mais la faire comme le Christ", a-t-il ajouté.
En réélisant le cardinal Maradiaga à la tête de l'ONG, les délégués des 165 Caritas ont donc exprimé leur préférence pour la continuité plutôt que pour le changement. De toute façon, seul le Français Denis Viénot, 65 ans et ancien président laïc de Caritas Internationalis (de 2005 à 2007) avait jusqu'ici reçu le fameux "nihil obstat" du Vatican. Or, ce dernier n'a finalement obtenu que 31 voix.
Reste maintenant au comité exécutif d'élire le nouveau secrétaire général, qui succédera à Lesley-Anne Knight. Deux candidats sont pour l'instant pressentis: le Français Michel Roy, directeur du plaidoyer du "Secours catholique", et l'Américain Karel Zelenka, représentant de "Catholic Relief Service", en Afrique du Sud. (CtB/Apic/Zenit/LcX/PA)