La résurrection : une mutation de l’humanité !


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La résurrection : une mutation de l’humanité !
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
4 min

Le deuxième tome du “Jésus de Nazareth” de Benoît XVI est sorti de presse au mois de mars. Le pape, qui poursuit sa relecture du message et de la vie de Jésus de Nazareth, s’y exprime à titre privé, comme théologien. Ici, de l’entrée à Jérusalem à la Résurrection. De belles pages sur la Pâque de Jésus, cœur de la foi chrétienne.

C’est bien vrai! Le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon!” (Luc 24, 34). Telle est sans doute la première profession de foi de l’Église. Une brève formule qui veut conserver le cœur de l’événement. En voici une formule plus longue, transmise par saint Paul, reçue par lui sans doute lors de sa catéchèse à Damas, juste après sa conversion: “Le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, il a été mis au tombeau, il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures. Il est apparu à Céphas, puis aux Douze” (1 Co 15, 3-8).

Selon les Écritures… Cette mort n’est donc pas un hasard. Elle est parfaitement dans la logique de l’histoire de Dieu avec son peuple. Telle est l’explication de foi du tombeau vide constaté par les femmes au matin du troisième jour, à compter du vendredi. Si le tombeau vide, en tant que tel, ne peut être une preuve de la résurrection, reconnaît Benoît XVI, il faut cependant dire qu’il reste un présupposé nécessaire pour la foi en la résurrection. Dieu n’a pas laissé Jésus voir la corruption. Pour les Juifs, en effet, la décomposition du corps était le signe de la victoire de la mort. Si le corps était resté gisant dans le sépulcre, une annonce de la résurrection aurait été impossible.

Une résurrection à option ?

La foi chrétienne tient par la vérité du témoignage selon lequel le Christ est ressuscité des morts, ou bien elle s’effondre”, n’hésite pas à dire Joseph Ratzinger. L’Évangile ne se réduit en effet pas à de belles idées sur Dieu ou sur l’homme. La foi met Jésus lui-même au centre. En lui, “quelque chose de véritablement nouveau s’est produit qui change le monde et la situation de l’homme. Lui, Jésus, devient alors le critère sur lequel nous pouvons nous appuyer. Car Dieu s’est alors vraiment manifesté”, insiste le pape.

La résurrection de Jésus n’est donc pas un événement à option quant à la vie du prophète de Nazareth. Elle nous dit que ce Jésus qui a existé, existe encore dans le temps présent. Il est toujours et pour toujours vivant. Du coup, se prononcer sur la résurrection, y accorder ou non sa foi, c’est prendre position sur la figure de Jésus lui-même.

La résurrection du Christ n’est pas une simple réanimation de cadavre. Cela ne nous concernerait pas. Jésus inaugure un genre de vie totalement nouveau, ”une vie qui n’est plus soumise à la loi de la mort et du devenir, mais qui est située au-delà de cela”. Il s’agit ni plus ni moins d’une “nouvelle dimension de l’être humain”, d’une “mutation décisive”, d’un “saut de qualité“. Et cela concerne toute l’humanité. “Ou bien la résurrection du Christ est un événement universel ou elle n’est pas”, explique Benoît XVI à la suite de saint Paul. “Il est sorti vers une vie différente, nouvelle – vers l’immensité de Dieu et, partant de là, il s’est manifesté aux siens.” En effet, ajoute-t-il, il leur a parlé, il leur a permis de le toucher, “même s’il n’appartient plus au monde de ce qui est normalement touchable”.

Du neuf, de l’inattendu, de l’inimaginable

Il existe une autre dimension par rapport à celles que nous connaissons jusqu’à maintenant.” Et elle s’est manifestée en Jésus ressuscité. Aucune opposition avec la science. Celle-ci étudie ce qui existe depuis toujours. Or voici du neuf, de l’inattendu, de l’inimaginable. Et le pape de s’interroger: “La création n’est-elle pas, au fond, en attente de cette ultime et plus haute ‘mutation’, de ce saut décisif de qualité? N’attend-elle pas l’unification du fini avec l’infini, l’unification entre l’homme et Dieu, le dépassement de la mort?

Tout a commencé de manière modeste, par un tombeau vide et quelques apparitions. Les débuts des nouveautés sont petits, presque invisibles. Ils peuvent être ignorés. Jésus ne comparait-il pas le “royaume des cieux” à un grain de sénevé, la plus petite de toutes les semences (Mt 13, 31 s)? “La résurrection, du point de vue de l’histoire du monde, est peu voyante, c’est la semence la plus petite de l’histoire”, insiste Benoît XVI. (CtB/Dimanche/CD)


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